Aujourd’hui, le guide c’est Narbaix. Il veut nous amener sur les terres de ses premiers amours. Même si il n’habite pas très loin, il vient moins souvent rouler ici. Et ce n’est pas à cause d’un terrain qui ne serait pas intéressant, mais plus par l’habitude de rouler sur les pentes du Luberon, plus proche de chez lui. C’est ici, autour de Gordes, que Narbaix, du crew VTOPO, a rencontré lors d’une competition région de XC, Dangerous Momo, le boss de Race Company. Car le Vaucluse c’est un peu le creuset de l’histoire du VTT en France. C’est un des lieux d’où sont issus de nombreux pilotes. Il est vrai que le climat permet de rouler toute l’année. Et il n’y pas de secret, c’est en roulant constamment et régulièrement que l’on progresse !
Le parcours démarre à proximité du village des Bories. Une borie, c’est un petit bâtiment, souvent de forme arrondie, construit en pierres sèches. Il pouvait servir d’abri aux bergers qui surveillaient les troupeaux dans les collines. Ici la roche calcaire est partout présente, elle est tendre, facile à extraire et à tailler. Les carrières sont nombreuses, dès à l’époque romaine, le calcaire était énormément utilisé.
Mais les hommes ont su rapidement utilisé un autre matériaux : la pierre des champs. Oui car ici, quand on fouille la terre, on tombe sur des pierres plates, de belles dimensions. Cela évite ainsi l’extraction et la taille. Les pierres sont récoltées à même le sol. Par cette unique action, en découle 2 conséquences : la disponibilité du matériaux pour bâtir clapas (amas de pierres en bordure des champs), restanques (terrasses), murs de soutènement, enclos, murs de clôture, murs à abeilles, cabanes ou bories mais aussi la transformation d’un espace non cultivable en un terrain où il sera possible de planter !
Très rapidement, après le départ, nous atteignons le village de Gorges. Le but est d’effectuer un arrêt au cœur des remparts pour aller admirer le point de vue sur les monts du Vaucluse. Rapidement, on se prend au jeu à lâcher les freins dans les ruelles. Et, en ce mois de janvier, il n’y a pas grand monde, c’est le moment idéal pour rouler dans ses rues étroites. De plus nous sommes vendredi, le week-end, même en hiver se serait déjà autre chose. Gardez en tête que si vous venez ici du printemps jusqu’à l’automne, Gordes est tellement envahi de touristes qu’il vous sera impossible de refaire ce que l’on vient de faire ! Nous quittons le village pour entrer dans ces belles forêts provençales.
Nous débutons par un sentier balisé puis atteignons le vallon de Ferrière. A notre grande stupeur, nous découvrons que cet été un incendie a dévasté les lieux, les roches sont roses, colorées par le retardant lâché des avion de lutte contre les incendies. C’est toujours triste de constater un tel paysage. J’avais lu dans les statistiques des feux de forêt, que, quoi qu’on fasse, la forêt provençale est vouée à brûler. Les chiffres montrent que tous les 40 à 50 ans, un feu éclate. Bien entendu, l’incendie fait partie du cycle de vie de la forêt, mais ce qui est le plus inquiétant, ce sont les feux à répétition, causés par l’homme. Car si un incendie ravage peu de temps après une zone touchée, la végétation qui a mis du temps à repousser est détruite et plus aucune végétation ne consolide les sols. Aux premières pluies, on constate un lessivage du sol. A force, la roche est mise à nue, les arbres ne peuvent plus pousser, la forêt disparaît définitivement.
Dans le vallon, nous poursuivons le long du cours d’eau pour remonter ensuite une piste. Après quelques minutes de pédalage, un spectacle magnifique nous attend : la vue plongeante sur l’abbaye de Sénanque.
Enchâssée depuis le 12ème siècle dans le creux de ce magnifique vallon, cet abbaye est un des chefs-d’œuvre de l’architecture cistercienne primitive. Comme il y a 900 ans, l’abbaye abrite une communauté de Frères cisterciens qui vivent selon la Règle de Saint Benoît. Sept fois par jour, la communauté se rassemble dans l’église abbatiale pour prier.
Le silence est de mise ici, on essaie de faire profil bas ! En empruntant le petit sentier qui mène derrière le bâtiment nous sommes tombés nez-à-nez avec un chêne vénérable. Il a de grandes cicatrices noires sur le tronc, il parait presque crier au ciel. Calciné par la foudre ce chêne est véritablement fendu en deux, et pourtant de chaque côtés partent des branches fournies en bourgeons, prometteur d’un nouveau printemps… Nous continuons notre chemin par le GR6 qui monte vers le Nord, l’ascension est plutôt longue, typée XC, elle fait mal aux cuisses.une montée qui fait mal aux pattes, on monte pour atteindre une ligne de crête et le mur de la peste. Cette construction est un rempart édifié afin de protéger le Comtat Venaissin de la peste qui frappa Marseille et une partie de la Provence en 1720-1722. S’étirant sur 27 kilomètres, il est bâti en pierre sèche. Le long de ce mur, des guérites en pierre sèche accueillaient des gardes.
De cette cime, nous avons une vue magnifique sur le Mont Ventoux. A plus de 1900 m d’altitude, il est recouvert d’un beau manteau neigeux. De là, nous redescendons par un sentier rapide de la Grande Côte qui surplombe l’abbaye. Plus loin nous passons à la ruine de la Debroussède. Nous nous faufilons sous une voute qui sépare les deux bâtisses et nous plongeons dans la combe de Douin par un joli petit sentier technique. Rapidement, il se transforme en lit de cailloux ! L’évolution est ludique, le sentier serpente autour du cours d’eau, les trajectoires sont multiples. Mais attention de ne pas descendre dans les gorges par temps d’orage, le lit de la Sénancole pouvant se remplir rapidement.
Nous remontons ensuite sur des petites falaises qui longent le canyon. Le sentier est entièrement terreux, un pur plaisir qu’on connait très peu ds le Sud de la France. Au pied d’une nouvelle borie, nous faisons notre première pause pour apprécier la vue sur les Monts de Vaucluse. Le paysage n’est pas spectaculaire, mais il invite à la contemplation. Nous continuons à rouler encore 2 bonnes heures dans le secteur, à enchaîner les singles un peu secrets du secteur. Le circuit se termine par une calade. C’est une voie pavée ou empierrée de pierres calcaires. La nuance a son importance.
Car dans nos cas, il s’agit d’un empierrement et au lieu d’avoir disposé les cailloux à plat, il sont passé sur la tranche ! Ce n’est pas forcément très agréable à rouler mais c’est tellement typique de la région. Cette technique était sans doute utilisée car plus durable dans le temps. Nous arrivons sur le parking avec les derniers rayons de soleil.
Y ALLER :
via l’autoroute A7, sortie Cavaillon. C’est la porte d’entrée du Luberon et des Monts de Vaucluse.
OÙ MANGER / OÙ DORMIR :
Pour dormir, cela va dépendre du programme. Mais étant dans le Vaucluse, vous trouverez forcément un hébergement adapté. Pour se restaurer, louvoyez dans les ruelles de Gordes, vous trouverez votre bonheur. Toutes les infos sur ce magnifique village ici : https://www.destinationluberon.com/decouvrir/villes-et-villages/gordes.
TOUTES LES INFOS :
Si vous souhaitez rouler autour de Gordes, vous pouvez suivre notre itinéraire ici.
Ou découvrir les parcours que nous vous proposons dans le VTOPO Vaucluse.
A FAIRE SUR PLACE :
incontournable, les Ocres du Colorado Provençal : soit en visite éclaire à Roussillon, soit dans une balade prolongée du côté de Rustrel. Spectacle garanti !
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